différence entre le juge et l'avocat
Le juge tire sa
légitimité de sa nomination par la plus haute autorité de l'Etat, il est en
fait un fonctionnaire public, et se trouve ainsi soumis à l'ensemble des
obligations des fonctionnaires publics, outre ces obligations, et à cause du
principe sacro-saint de l'indépendance du pouvoir judiciaire il est aussi
assujéti à des obligations propres aux magistrats, il est tenu entre autres
d'un devoir de réserve et de discrétion qui doit être au dessus de toute épreuve,
dans ses agissements, ses actes et ses déclarations. Le juge, étant souvent
l'ultime recours de ses concitoyens afin de les départager en cas de litige, ne
doit jamais se départir de son indépendance, il se doit de rester au dessus de
la mêlée. C'est un arbitre neutre et non un acteur actif dans le procès. La
société lui a délégué le droit de juger et pour ce faire, elle l'a installé
dans un perchoirs afin de dire le droit. Cette fonction magistrale ne doit
souffrir ni familiarité ni duplicité avec les justiciables ou le public en
général, car la réputation du corps de la magistrature et l'indépendance du
pouvoir judiciaire tout entier en dépendent. On dit "la fonction de
magistrat", alors qu'on parle de métier ou de profession d'avocat, ceci est
évocateur des critères de la distinction. Or, un autre critère fonde cette
différence. Le juge dispose d'"un pouvoir", l'avocat, lui, d'une
autorité. Le premier procède de ce que les anciens appelaient l'impérium, que
détenaient les grands commis de l'Etat, les officiers publics, les ministres,
etc. Le deuxième découle de la personnalité de l'individu, de son étoffe, de sa
culture et de son charisme. Un juge médiocre demeure néanmoins, un juge,
personne ne lui ôtera sa qualité ni son prestige social lié à sa fonction. Un
avocat indigent, sans autorité se meurt et disparaît définitivement. Aussi,
devrait-on souligner que la distinction tient également au caractère plus ou
moins libéral du rôle de chacun. Le juge est, et doit, par définition être
conservateur, il représente le Pouvoir et le régime qui le sous-tend, ne
prononce-t-il pas ses jugements au nom du Roi au Maroc et au nom de la
République en France ? Il est plus lié par la règle de droit, émanation de la
volonté populaire, en principe, que de ses propres convictions personnelles
qu'elles soient politiques ou religieuses. Il ne peut être juge contestataire.
Il peut exprimer ses opinions dans des écrits scientifiques, mais sans plus.
L'avocat est par essence un contestataire, un importun trublion, "un empêcheur
de tourner en rond", sa maîtrise de la règle de droit n'est que secondaire
par rapport à ses connaissances en psychologie, sociologie, communication, etc.
L'avocat est partial, c'est son métier de se ranger du côté d'une seule partie
et de défendre une seule thèse. S'il soutient les deux parties il risque d'être
en conflit d'intérêts, pratiques interdite et gravement sanctionnée par les
systèmes juridiques évolués et surtout ceux de commun Law qui en sanctionnent
même l'apparence... Dans les systèmes de commun Law ou hybrides cette
distinction, toutefois, s'amenuise, comme au Canada ou dans la province du
Québec où pour devenir juge il faut déjà avoir été avocat pendant 10 années, et
où l'avocat, qui est considéré comme "un officier de la cour" est obligé
de ce fait de dénoncer à la justice toute infraction ou tout comportement des
parties lors du procès pouvant être qualifié de parjure ou de manœuvre
induisant la cour en erreur... Me Abdelatif Laamrani